«Né Yves Nussbaum, à Neuchâtel, en 1963, Noyau gagne à l’âge de 6 ans un concours de dessin. Il émigre à Zurich où il trouve l’amour auprès de la dessinatrice Anna Sommer, et des débouchés dans la presse: un strip quotidien dans le Tages-Anzeiger, des dessins politiques dans la SonntagsZeitung. Il est l’illustrateur officiel de La Lanterne magique. Il a été l’art director du magazine Vibrations. Il a publié des bandes dessinées comme Bonnes Vacances Salbette!, accompli une tâche de titan myope en brossant pour le festival Fumetto un panorama lilliputien de l’art helvétique et raillé l’art abstrait dans Faire surface…
Dans L’Art de vivre, Les Cahiers dessinés saluent une autre facette de l’artiste qui, sans se départir de son esprit punk ni renier le stade sado-anal, pétrit la gouache avec vigueur. Quand la plupart des dessinateurs de presse griffent le papier, Noyau malaxe la pâte. Une des sections de L’Art de vivre s’intitule d’ailleurs «Notre pain quotidien». Ces natures mortes transforment miches et baguettes en objets non identifiés: semelles de mie, cabane de toasts, mur de petits-beurre… Quant au bretzel rivé à un poteau par un antivol, il proclame la grandeur du nonsense. Se prenant momentanément pour Pérec, le dessinateur retrace dans «Je me souviens» la grisaille de ses jeunes années passées entre l’ennui des dimanches, la complexité des règles sociales, le sentiment de stagnation, les moments de honte, l’éveil contrarié de la sexualité et l’irrésistible avancée de la modernité. Dans «Les parvenus», il s’en prend aux pauvres types pétés de thunes et les soucis qui en découlent: le chien de garde attaque le vison de sa patronne, l’insomniaque lèche un lingot pour passer sa soif de l’or, le terrain de golf est surpeuplé…»
Antoine Duplan Le Temps

«Que l‘angoisse et l‘humour aient partie liée n‘est pas une constatation d‘une grande originalité. Mais chez Noyau cet alliage a une consistance particulière. L‘humour ne se met jamais en scène. Il n‘y a jamais une volonté explicite d‘être drôle. C‘est comme si la drôlerie se révélait l‘unique échappatoire à tant de désirs, tant d‘impossibilités et tant de catastrophes. C‘est comme si la monstruosité était le chemin habituel de l‘existence, une monstruosité qui étonne plus qu‘elle n‘effraie.»
Mathieu Lindon Libération

«Noyau est un dessinateur d‘humour qui aime se compliquer la vie. Au lieu d‘épurer son style, il l‘enrichit. Au lieu de se contenter d‘un trait minimal, il travaille la perspective, les textures et les volumes. dans L‘Art de vivre, il compose, presque à la façon d‘un peintre, des tableaux à la gouache où notre société apparaît subtilement détraquée.»
Philippe Garnier Les Cahiers dessinés

«Noyau est un dessinateur doué dès l‘enfance, surdoué dans son adolescence. Ses manières de pubère éternel ne sont pas que pure fatuité : elles sont une exigence. Il ne s‘agit pas pour lui de gribouiller comme un enfant. Il ne cherche pas une quelconque innocence originelle : il persévère dans cet âge ingrat qu‘on appelle l‘adolescence. Pourtant il sait tout dessiner, et il dessine tout avec une aisance qui a de quoi irriter. Que faire d‘autant de savoire-faire ?»
Frédéric Pajak

Bibliographie
Safari (Editions du Gamin, 1991)
Tram 8 (Sans Blague, 1993)
Ernstoscop (Pipifax, 1997)
Fleck (Arrache Coeur, 1999)
Les Doigts sales (Buchet/Chastel, 2002)
Bonnes vacances Salbette (la Joie de lire, 2003)
Musée Réduit (Edition Moderne, 2007)
Die Chronik der Krise (Walde + Graf, 2009)
Faire Surface (Cadrat Editions, 2009)
Isch es wahr? avec Matto Kämpf  (Der gesunde Menschenversand, 2009)
Nile’s Lines (Gabel Shisha Publishing, 2009)
Dessins au doigts/Fingerzeichnungen (Les Cahiers dessinées, 2011)
L‘Oeuf avec Anna Sommer (Actes Sud, 2014)
Tierweg 1 avec Matto Kämpf  (Der gesunde Menschenversand, 2014)
L‘Art de vivre (Les Cahiers dessinés 2015)